Raoul Ubac

Petrification 1937

Combat de Penthésilée, 1937. Epreuve argentique d'époque (pétrification), 29,7 x 39,7 cm

Raoul Ubac (1910, Malmédy - 1985, Paris)

 

Raoul Ubac rencontre le groupe surréaliste en 1930 au cours de son second voyage à Paris. Il réalise alors, comme Man Ray, des photographies d'avant-garde issues de ses inventions de nouvelles techniques photographiques : le brûlage, la superposition du négatif sur le positif appelée "pétrification". Ainsi obtenues, ces images décalées donnent l'illusion de fossiles ou de bas-refliefs. Ces photographies sont reproduites dans le n° 12-13 de mai 1939 de la revue Minotaure avec un commentaire de Breton. Ubac figure en 1938 dans les expositions surréalistes de Paris et d'Amsterdam, en 1940 dans celle de Mexico et en 1945-1946 dans celle de Bruxelles. Durant la guerre 1939-1945, voyageant entre Paris et Bruxelles, il entretient, en collaboration avec Magritte, une riche correspondance avec les écrivains et poètes notamment avec André Breton qui s'intéresse aux revues auxquelles collabore Ubac, entre  autres l'Invention Collective. C'est en 1946 qu'Ubac découvre la taille de l'ardoise. Après la guerre, son amitié avec Christian Dotremont va le rapprocher du groupe CoBRA dont il partagera les travaux jusqu'en 1951. Ensuite, dans son atelier de Dieudonne dans l'Oise, il partagera son temps entre la réalisation de gouaches, de dessins à l'encre de Chine, d'ardoises sculptées, et de tableaux-reliefs composés de résines synthétiques amalgamées auxquelles il ajoute de la poudre d'ardoise, de la cendre et du sable. 

 

"Le monde entier est rythme. C'est en vivant à partir de 1957 à la campagne que j'ai retrouvé ce rythme dans le labour des champs. Et ce fut un moment privilégié que me rendre compte que ce champ tout bête, au fond, je ne l'avais jamais vu. Il m'est apparu que ce rythme créé par le cultivateur est un rythme fondamental du monde. Il transforme donc une matière brute, qui est le champ, en un rythme puissant, lequel participe à la topographie du lieu et de la lumière qui s'y déverse. Je n'ai fait que reprendre cette donnée, non pas en copiant servilement ces labours, mais en les adaptant à la nécessité plastique du tableau. Le point de départ est là. On ne peut pas nier que la source de ce tableau, c'est le labour, le champ, le rythme des sillons."

Raoul Ubac, 1971. Entretien avec Charles Juliet, Ed. L'Echoppe, 1994.