Joseph Sima

Sima sans titre 1957

Sans titre, 1957. Fusain sur papier, 50 x 67 cm 

Joseph Sima (1891, République Tchèque - 1971, Paris)

Joseph Sima s'installe à Paris en 1922 et se lie avec Tristan Tzara, Georges Ribemont-Dessaignes, Pierre Jean Jouve, Amédée Ozenfant, Le Corbusier, Piet Mondrian, Theo Van Doesburg, son compatriote Kupka et les Delaunay. Lors d'une visite au Louvre, il est fortement impressionné par les représentations de paysages insolites d'Hercule Seghers, graveur hollandais (1589-1638). Dès lors, Sima considère Seghers et "ses terres mangées par la lumière" comme l'un de ses maîtres. En 1925-1926, il fréquente les surréalistes et expose au Salon des Surindépendants dans la section surréaliste. Il n'adhère toutefois par à leur mouvement car son amitié avec Roger Gilbert-Lecomte et René Daumal l'amène à fonder avec eux en 1927 à Reims un groupe parallèle, Le Grand Jeu, dont les membres se réunissent régulièrement dans son atelier. Sima participe néanmoins en 1929 à l'exposition surréaliste au Kunsthaus de Zurick et en 1935, il accompagne André Breton et Paul Éluard lors de leur voyage à Prague où il conçoit la couverture de l'édition tchèque de Nadja de Breton. Pour Sima, comme pour les autres membres du Grand Jeu, l'une des principales sources d'inspiration provient de moments d'illumination soudaine, d'une vision exaltée leur permettant de percevoir le monde dans son identité originelle. Après une longue interruption due à la guerre, Sima recommence à travailler en 1950 sur le thème du paysage. De nombreuses expositions ont lieu en France et à l'étranger, entre autres celle consacrée au Grand Jeu par le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris en 1992 comportant, outre les documents (correspondances, revues, photographies...) concernant ce mouvement, une rétrospective de l'œuvre de Sima. 

 

Imprégné des souvenirs de son enfance, de ses visions et idées d’avant-guerre, de son amour de la poésie et de la liberté,  de ses balades à travers la France ou l’Espagne,  l’oeuvre de Joseph Sima, et notamment ses paysages, ne se veulent pas miroir d’une nature sauvage, simple et pittoresque. Au contraire, le paysage est perçu comme une source d’inspiration inépuisable, où règne en maître une intemporalité chère à Sima, qui puise à la fois dans un passé qui lui aurait échapper,  ou qu’il aurait voulu redécouvrir. Sima fut tout au long de sa vie à l’écoute du monde. Dans ses premières années parisiennes, dans un style spontané expressioniste-fauve, il peignait les quais de la Seine, les ponts de Paris, les remorqueurs, puis sa peinture évolua dans le sens d'une géométrisation libre et colorée, synthèse de purisme plastique et de lyrisme onirique. Dans les années 1950-1960, la lumière et l’espace devinrent le centre des recherches de Sima et les oeuvres de cette époque constituèrent le sommet de sa carrière. Entre dématérialisation et figuration, abstraction et unité harmonieuse, lyrisme et tragédie, crédibilité plastique et couleurs irréelles, l’oeuvre de Sima s'adresse aux sens et aux sentiments. Chaque forme est considérée en soi et dans sa relation aux autres formes, tout en gardant sa propre force émotive en dépit de son simple aspect figuratif. D’une profondeur spirituelle, mêlant indifférence à la mode et réalité poétique, la peinture de Sima témoignait à son époque la nécessite d’une conscience de l’unité, de l’appartenance au monde et à l’infini.