Pancho Quilici

Quilici fuites corollaires 2001

Fuites corollaires, 2001. Technique mixe sur toile, 75 x 200 cm

Pancho Quilici (1954, Caracas)

 

Son père français et sa mère italienne, se rencontrent et se marient au Venezuela. Après des études au Collège Français de Caracas, il entre à l’École d’Architecture mais renonce peu après à cette orientation au profit de la sculpture et de la sérigraphie. Il pratique aussi la peinture, le dessin tridimensionnel et exécute des sculptures influencées par celles de Tinguely. En 1978, il reçoit le diplôme de la Fondation Neumann, célèbre Institut de Design de Caracas. Sa première exposition personnelle a lieu à la galerie Minotauro à Caracas. En 1980, il voyage Paris et décide de s’y installer. Il se lie avec la galerie du Dragon, mais reste en contact avec son milieu familial et professionnel vénézuélien. Il expose ainsi régulièrement à Caracas, à Chicago et à Paris, galerie du Dragon puis, depuis 1999, à la galerie Thessa Herold.
L’univers de Quilici se situe dans un cosmos imaginaire, dans un monde inhabité, sans repères, chaotique. Ses peintures aux couleurs subtiles, variant entre le vert d’eau et le bleu, striées de structures géométriques, renforcent l’étrangeté de ces espaces infinis. Pancho Quilici se plaît à conjuguer les contraires : le cercle et l’angle droit, l’effet calculé et l’aléa, l’espace mathématique spéculatif et une nature imaginée. Qu’ils soient de grands ou de petits formats, ses tableaux représentent toujours un étrange et minutieux agencement d’espaces superposés. 
Pancho Quilici a aussi travaillé pour le théâtre, et en 1991 pour l’Opéra-Bastille. 

« J’entends répéter que Pancho Quilici est un grand dessinateur. Certes, mais c’est surtout un exceptionnel inventeur de propositions conjecturales. Dans l’espace plat de la feuille ou du tableau, il sculpte en démultipliant les perspectives, il dessine en relief et davantage, en fouillant le noir pour découvrir ce qui se cache par-delà les taches de hasard – probablement aussi ce que cherchaient Victor Hugo ou Henri Michaux en creusant plus loin que le visible. En s’enfonçant dans l’Orénoque des profondeurs, celui de la nuit des temps et celui de l’histoire personnelle que chacun porte en soi, vaste fleuve ou modeste rivière, plus ou moins calme ou coupé de chutes, de récifs et de bancs de sable, voyez comme on retrouve du banal et du merveilleux : des racines et de la rocaille, de l’herbe et des orchidées, des poissons fossiles et des glyphes qu’on ne sait plus déchiffrer, des cyclones et des tornades qui soulèvent vers le ciel un cône noir tourbillonnant… Et, venus d’ailleurs, tout un jeu d’écliptiques pris d’ébriété, des tracés hyperboliques et désorbités, une chronoscopie ayant perdu le sens de la mesure… Il joue, en effet, mais prenons garde que les choses les plus sérieuses ne se donnent pas volontiers l’air sérieux et que le sourire n’est pas le rire… »

Serge Fauchereau, Pancho Quilici & L'Orénoque selon Jules Verne, Galerie Thessa Herold, 2009