Farhad Ostovani

 

Farhad Ostovani (1950, Lahidjan)

 

Ses premières influences viennent de sa famille maternelle, très intéressée par l'art et la musique. Il prend des cours après le lycée, mais son professeur ne lui donne que des copies des cartes postales représentant des chefs-d'œuvres de la peinture occidentale. Il délaisse rapidement les copies pour entreprendre une œuvre plus personnelle, ce qui le conduira à suivre les cours libres à l'Université libre de Téhéran. Inscrit aux Beaux-Arts de Téhéran, Farhad Ostovani se spécialise selon les conseils de ses parents en dessin industriel, bien qu'il ne délaisse jamais la peinture, le pastel, le crayon... En 1972, premier voyage en Europe (Allemagne puis France) et première exposition personnelle en 1973 à l'Institut Français de Téhéran à Paris. Quelques temps après, il s'installe à Paris et s'inscrit aux Beaux-Arts en 1975. Tout en continuant à exposer fréquemment à Paris,  il entreprend de nombreux voyages de durée plus ou moins longue, généralement accompagnés d'expositions personnelles ou collectives : Alexandrie, New-York, Washington, Nairobi, Rome, Fribourg, Los Angeles, Vevey, ou encore... En parallèle à son œuvre de peintre, Ostovani s'adonne de plus en plus à l'écriture dans le cadre d'essais ou de réflexions sur son travail. 

« Et les œuvres de Farhad dans les premiers temps de son travail à Paris sont elles-mêmes la preuve que son regard de peintre n’était alors nullement requis par l’aspect extérieur des choses, couleurs et formes, jeux des couleurs dans les formes, dissolution du souci de l’être dans celui de la composition du tableau, comme ce fut le cas à travers l’histoire de l’Occident chez tant de peintres même paysagistes. Mais ce qu’il faut remarquer aussi, c’est qu’elles montrent que le risque que je disais presque fatal quand on cherche à signifier la présence comme telle existait bien aussi chez ce jeune peintre. J’ai en esprit des œuvres de lui qui sont, avec rien que deux couleurs et une ligne de crête dépouillée de tout accident, une pensée de la montagne en soi, mais où ne reste pas la montagne comme Farhad enfant l’avait éprouvée, c’est-à-dire riche d’une réalité multiple en son unité même, et à l’infini différenciée : cette réalité qui faisait corps avec les autres du même instant dans le lieu de vie, par exemple la maison juste au bas des premières pentes, ou les arbres du verger proche ou quelques personnes qui étaient là. Transposée ainsi, la montagne se signifie bien encore comme présence, ce qui suffit à faire du tableau un acte de poésie, mais c’est la présence en idée, rien qui garde ancré l’instant de jadis dans le devenir de la vie du peintre. Aussi mémorieux soit-il, Farhad Ostovani ne dispose plus dans ces œuvres que de ces images que j’ai dites archétypales, celles qui incitent à penser que le grand réel est ailleurs, hors du temps, un niveau supérieur de réalité auquel il n’est pas question, ici et maintenant, de prétendre.»

Yves Bonnefoy, Farhad Ostovani, Aux Jardins d'Alioff, Galerie Thessa Herold, 2010