Carlo Guarienti

Guarienti chouette

La Chouette, 2005. Bronze (pièce unique), 16,5 x 29 x 21 cm

Carlo Guarienti (1923, Trévise)

 

Carlo Guarienti naît dans une famille originaire de Vérone. Son enfance et son adolescence se déroulent entre ces deux villes qui le fascinent par les richesses de leurs monuments. Il commence des études de médecine qu’il abandonne en 1949 pour se consacrer exclusivement à la peinture. Ces études lui auront pourtant apporté une connaissance de la morphologie, de la biologie et des anomalies que l’on retrouvera plus tard dans son œuvre. En 1949 il voyage en Espagne où il découvre au Prado la diversité de l’univers européen de la peinture. Dès ses débuts il est encouragé par Giovanni Comisso qui rapporte, dans une étude consacrée à l’artiste, l’entrevue étonnante entre le jeune peintre et Giorgio de Chirico stupéfait par son savoir. Après la guerre de 1939-1945 et malgré la vogue de l’art abstrait, il reste fidèle à la tradition et assume sa filiation avec la peinture métaphysique née en Italie. A partir de 1953, il se rend souvent à Paris. Il rencontre Filippo de Pisis, fait la connaissance de Audiberti, Pierre Klossowski, Andrée Chedid. 1956 est une année de transition : il s’installe à Rome et peint Naissance d’une nature morte qui ouvre une nouvelle manière de peindre. À Genève, la galerie Jan Krugier le présente régulièrement. Les expositions monographiques se succèdent en Italie, mais aussi en Suisse et en France.

 

"L’art spectral de Guarienti se rattache alors à la catégorie du fantastique, sorte de théurgie à rebours, aussi vaste qu’insaisissable. Ses motivations et ses manifestations, variables selon les époques, se révèlent ambivalentes, et nul ne possède les clés pour déchiffrer les énigmes de Bosch ou les cauchemars de Goya. Le monde obsessionnel a ses lois intrinsèques, et la validité du genre se reconnaît à l’exactitude de visions qui supplantent le réel et déroutent les apparences. L’un des territoires du fantastique moderne, où l’humour absorbe l’angoisse, est le gouffre intérieur, sondé dans ses remous par Michaux, que Guarienti ramène en surfane par projection insidieuse et lancinante. […] Guarienti soumet à sa volonté de métamorphose, à sa rage de transgression, ludique ou régénératrice, les idoles des musées et les ferments de la culture."

Jean Leymarie, Œuvres récentes. Musée des Beaux-Arts de Caen, 1997